Retrouvez cette chronique sur le site de Jazz-Rhône-Alpes.com :
Nous avons écouté « Eli’s velvet eyes » second album de Bronxtet !
« Bronxtet est à l’image de ces groupes dont on dit qu’ils sont des amateurs éclairés : c’est la qualité d’un travail acharné, scrupuleux et une fidélité dans le compagnonnage qui les placent bien souvent à l’égal de leurs amis musiciens professionnels. Cette fidélité se décline au fil du temps et produit des albums de belle facture. Le cd Eli’s velvet eyes est en tout point réussi. La musique, toute en nuances et en inventivité, donne envie, raconte, et permet de s’évader. Les arrangements sont ciselés. Le son est bon (le groupe s’est judicieusement tourné vers le contrebassiste Gil Lachenal qui a assuré l’enregistrement, le mixage et le mastering).
L’osmose groupale s’entend dès les premiers instants avec une suite de quatre morceaux, for Bronxtet only, très cohérente qui rappelle les thèmes des Yellowjackets. Le ton est donné : le piano est fluide, la contrebasse très ancrée, le saxo énergique, la batterie présente. Les instruments dialoguent et la musique prend du relief.
La plage 5, Incidente, s’ouvre sur une valse d’inspiration classique. On se prend à fredonner le thème. Le groupe atteint un niveau de jeu que seuls les musiciens qui se connaissent bien arrivent à produire.
Le morceau suivant, Tony truand, est alambiqué à souhait, à la manière de Monk. On est entre le blues et le bop. C’est un peu l’ambiance club de jazz. Le saxophoniste court, très à l’aise, porté jusqu’au bout par ses acolytes.
Coupez portables est d’une grande et étonnante modernité dans la forme et le ton : au duo saxo contrebasse répond ensuite celui du piano et du saxo, dans de beaux contrastes modulants. Il y a du jeu, du ludique là dessous. Beaucoup d’écoute, du temps laissé au silence.
Avec le morceau 8, Pense bêtes, on s’évade. C’est un peu nostalgique. Il y a une foule là encore de détails harmoniques, mélodiques et rythmiques qui rendent le paysage complexe et lumineux comme la vie.
Neuvaine est un thème très écrit. On se prend totalement au jeu, on s’amuse. Il y a cette montée atonale jouée par le piano et la contrebasse qui rappelle les cloches. Un morceau joyeux, fait de ruptures, qui laissent à notre imaginaire toute la place. Une très belle réussite.
Eli’s velvet eyes est l’occasion d’entendre une ballade, avec une belle introduction du piano et la voix entêtante du soprano.
Résolution est à nouveau un thème assez moderne, alliant dissonances, ruptures, aux accents ravélien et coltranien, avec de beaux coups d’archet, de chouettes envolées du saxo, qui finit par capturer mon attention et emporter mon adhésion.
Dual clôt cet album avec un petit goût de revenez-y.
Aux programmateurs et mélomanes, qui auraient encore un doute, écoutez ce bel album, vous passerez une heure en très bonne compagnie »